Alors que c’est une stratégie de prévention encouragée auprès des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), la PrEP tarde à être promue auprès des femmes cis et trans considérées à haut risque d’infection. Pourtant en 2019, 48% des nouvelles infections dans le monde touchaient des femmes et des filles, et jusqu’à 59% en Afrique subsaharienne [ONUSIDA, 2020]. Pour le 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, Coalition PLUS a choisi de communiquer sur les enjeux d’accessibilité à la PREP pour les femmes.
L’OMS avait recommandé l’utilisation de la Prophylaxie pré-exposition pour les HSH en 2014, un an avant de publier sa recommandation à toute personne présentant un haut risque de contracter le VIH en 2015. Mais six ans plus tard, les inégalités en termes d’information et d’accès persistent entre les hommes et les femmes. Les femmes sont encore trop souvent ignorées par les campagnes de sensibilisation sur la PrEP. Pis, il n’existe quasiment pas de réflexion sur le développement de campagnes ciblées et de programmes adaptés à leurs besoins.
Pourtant, les femmes se retrouvent dans plusieurs populations clés où elles sont d’autant plus marginalisées parce qu’elles sont des femmes : elles peuvent être trans, travailleuses du sexe ou utilisatrices de drogues injectables. Tout comme les hommes faisant partie de ces populations, elles doivent pouvoir choisir leur mode de prévention en toute connaissance de cause. Toutefois, les données sur l’accès à la PrEP pour les femmes les plus exposées aux risques d’infections par le VIH manquent.
Dans un contexte international où seulement une minorité de pays en Europe et en Asie centrale incluent les femmes dans leur politique nationale sur la PrEP, la recherche communautaire de notre réseau se mobilise pleinement sur ces enjeux de prévention. Tout d’abord, dans le cadre du projet "Flash ! PrEP in Europe", Coalition PLUS et AIDES, avec l’Université de Maastricht et un ensemble d’associations européennes de lutte contre le VIH, ont coordonné une étude sur l’intérêt de différentes populations à utiliser la PrEP dans 12 pays européens. Parmi les résultats les plus concluants, l’intérêt des femmes est indéniable.
Notre étude le prouve : 1 femme sur 5 intéressée par la PrEP en Europe
Les résultats viennent d’être publiés dans la revue scientifique PLOS ONE et démontrent que que les femmes cisgenres qui se considèrent à haut risque sont favorables à l’utilisation de la PrEP. De plus, l’intérêt pour la PrEP est 2,49 fois plus élevé chez les femmes exposées aux risques élevés d’infection. L’étude a aussi permis de cerner que 47% des femmes consultées ne connaissaient pas la PrEP avant l’étude, ce qui traduit un manque criant d’accès à l’information. Elle a aussi permis d’identifier que près d’une femme sur 5 en Europe (18%) a déclaré être intéressée par la PrEP; toutefois en Europe et en Asie centrale les femmes ne représentent que 10% des utilisatrices de PrEP. De plus, nous constatons que l’intérêt des femmes pour la PrEP recoupe des facteurs de vulnérabilité face au VIH comme un faible statut socio-économique, le fait d’être migrante, originaire d’un pays du Sud, ou encore un historique de violences ou d’abus sexuels.
Ces données recueillies et publiées constituent un levier important vers l’inclusion des femmes à risque élevé d'infection dans les politiques de prévention du VIH par la PrEP et dans les campagnes d’information. Aussi, pour le 8 mars, Coalition PLUS a initié la rédaction d’un communiqué de presse avec ses partenaires de recherche pour rappeler qu’il est urgent de :
améliorer et adapter la sensibilisation sur l’utilisation de la PrEP auprès des femmes ;
inclure les femmes dans l’élaboration des stratégies nationales de prévention afin de développer des services qui répondent à leurs besoins spécifiques ;
doter les femmes de meilleurs outils leur permettant de mieux évaluer le risque à l'infection au VIH et mettre en place des stratégies pertinentes de réduction des risques.
Le projet multi-pays PrEP femmes piloté par l'ALCS
PrEP Femmes est un projet en trois volets qui intègre recherche, plaidoyer et action financé par l’Initiative. Depuis mai 2020, en partenariat avec ARCAD Santé PLUS au Mali et PILS à Maurice, l’ALCS coordonne depuis le Maroc le projet de recherche PrEP Femmes, visant à identifier les barrières structurelles qui empêchent les femmes de prendre la PrEP et à les faire tomber par une stratégie de plaidoyer et une mise à disposition de la PrEP reposant sur les données scientifiques produites par le projet. Au Maroc, bien que la PrEP soit techniquement disponible pour les femmes, elles y ont beaucoup moins recours que les HSH. À Maurice, la PrEP est aussi disponible mais pas dans un cadre communautaire, tandis qu’au Mali elle est accessible uniquement aux hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes avec le projet CohMSM PrEP.
Bonne nouvelle, comme l’explique Amal Ben Moussa, Responsable recherche à l’ALCS, la pandémie de covid-19 ne retardera pas la mise en œuvre du projet. Élaborés en 2020, les outils nécessaires au bon fonctionnement de l’enquête sont disponibles. Les enquêteurs-ices ont commencé à être formés-es dans les trois pays participants. La lutte ne s’arrête donc pas en ce 8 mars, le projet PrEP femmes fera avancer la cause de l’inclusion des femmes dans la prévention du VIH dans ces trois pays membres.
Comme le rappelle régulièrement l’ONUSIDA, la fin de l’épidémie du sida passe par l’élimination des inégalités de genre en matière d’accès aux outils de prévention. Il est plus que jamais urgent d’inclure la PrEP dans les programmes de prévention du VIH pour les femmes et d’améliorer leurs connaissances de cet outil et ce partout dans le monde.
Propos recueillis par Charlie Morin
Consultez la Fiche Flash sur l’article "Yes, I'm interested in taking PrEP!": PrEP interest among women respondents to the European community-based survey "Flash! PrEP in Europe“, publié sur PLOS ONE le 17 février 2021
Lisez notre entrevue avec Rosemary Delabre, autrice principale de l’article
Découvrez à partir du 1er mars sur nos réseaux sociaux les témoignages de 6 femmes en Equateur, au Mali et à Maurice qui prennent la PREP ou qui voudraient la prendre
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