« Depuis 2017, en moyenne 11% des dépistages des lésions précancéreuses du col de l’utérus réalisés par l’ANSS ont débouché sur un diagnostic positif. » nous révèle la responsable médicale nationale à l’Association Nationale de Soutien aux séropositifs et malades du sida (ANSS), Pélagie Nimbona. Elle entend multiplier les campagnes de sensibilisation et de dépistage au niveau national: en effet, il existe actuellement de nombreux freins à un dépistage régulier, qui permettrait pourtant d’éviter de nombreux décès.
VIH et papillomavirus : un risque six fois plus élevé de développer un cancer du col de l’utérus
Au niveau mondial, le cancer du col de l’utérus est le quatrième cancer le plus fréquent chez les femmes. Plus de 85% des décès ont lieu dans les pays à faible revenu ou intermédiaire. Par ailleurs, les femmes cisgenres vivant avec le VIH ont six fois plus de risque de contracter le cancer du col de l’utérus que les femmes cisgenre séronégatives. Au total, on estime que 5% de tous les cas de cancers du col sont attribuables au VIH.
Pour éviter ces drames humains, l’ANSS encourage les usagers-ères de ses services à se faire dépister régulièrement. Ainsi, l’association propose systématiquement le dépistage des lésions précancéreuses aux femmes vivant avec le VIH qu’elle prend en charge.
Après le dépistage, le difficile accès aux traitements des lésions précancéreuses
Le dépistage du cancer du col de l’utérus se déroule en deux phases. Après une première inspection visuelle, s’il existe une suspicion de lésions précancéreuses, un frottis vaginal permettra d’obtenir un résultat sûr et définitif, via des analyses biologiques. Mais ces analyses ont un coût : 70 000 francs burundais (31€). Lorsque le revenu moyen s’élève à 20€ par mois par habitant, difficile pour beaucoup de personnes de se payer ces frais médicaux.
En 2020, lors de la Semaine Internationale du Dépistage, sur l’ensemble des femmes dépistées, 21 présentaient des lésions suspectes. 18 d’entre elles n’avaient pas la capacité financière pour effectuer un frottis. Avec le soutien financier de Coalition PLUS, l’ANSS a pu prendre en charge ces interventions.
« Après le frottis, si des lésions précancéreuses sont détectées, un traitement chirurgical est indispensable. Malheureusement, au Burundi, ce traitement est très coûteux : 600 000 francs burundais [270€, nldr] ! Combien de femmes peuvent se le permettre ? » s’indigne la médecin. « Pour les femmes vivant avec le VIH, le Fonds Mondial finance l’hospitalisation et quelques examens préopératoires. Mais pour payer l’acte chirurgical, nous devons alors chercher des fonds avec elles. Sinon, elles ne pourront pas être traitées ».
Manque de prestataires, matériel inadéquat : de fortes inégalités territoriales
« Lorsque vous habitez dans les collines, vous avez du mal à vous rendre à l’hôpital », raconte la Dre Pélagie Nimbona. Effectivement, les services de prise en charge ne sont développés que dans certaines provinces et dans certains hôpitaux bien spécifiques. L’offre de santé est donc loin d’être égalitaire. La distance constitue un des freins au dépistage des lésions précancéreuses pour ces femmes.
Aujourd’hui, l’ANSS, où travaille Pélagie Nimbona, se déploie dans tout le pays à travers 5 antennes : Bujumbura, la capitale, Kirundo, Makamba, Gitega et une nouvelle antenne à Rumonge.
Jusqu’à présent, seules 2 antennes pratiquaient le dépistage des lésions précancéreuses. Récemment, une troisième, à Kirundo, vient de l’intégrer. A terme, l’objectif de l’association est d’étendre ce service de dépistage aux cinq antennes. Cependant, cela nécessite de former des prestataires et d’équiper les antennes en matériel médical. Actuellement, les fonds nécessaires manquent cruellement.
Sensibilisation, dépistage et vaccination : combo gagnant contre le cancer du col de l’utérus
Autre défi : la non-disponibilité au Burundi du vaccin contre les papillomavirus humains, pourtant recommandé par l’OMS. Administré aux jeunes filles entre 9 et 14 ans, avant le début de leur activité sexuelle, il est très efficace pour prévenir les cancers liés à ces virus.
En 2017, deux provinces ont lancé un projet pilote de vaccination massive des jeunes filles. L’extension n’a jamais eu lieu, pour cause : le manque de financements domestiques. Bien que la vaccination soit inscrite dans les directives nationales, elle ne s’est toujours pas traduite dans les faits.
Selon la Dre Pélagie Nimbona, une lueur d’espoir pourrait voir le jour dans le courant de l’année 2022. Certains fonds pourraient être alloués pour supporter une campagne de vaccination. Mais aujourd’hui, rien n’est moins sûr.
En attendant le vaccin, dernier maillon de la chaîne de prévention, l’ANSS veut intensifier ses actions de sensibilisation et de dépistage, en les intégrant dans son offre de santé sexuelle. Les vies des femmes vivant avec le VIH en dépendent.
visitez leur site web au https://www.anssburundi.bi/
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