Santé sexuelle : de nouvelles offres au sein du réseau Coalition PLUS !

La Semaine internationale du dépistage est aussi une occasion de rappeler que le dépistage est la clé vers la prise en charge de sa santé sexuelle. Pour permettre aux communautés les plus exposées au VIH et aux hépatites virales d’accéder à des soins adaptés à leurs besoins, nos associations développent des offres de services innovants. De Bamako à Montpellier, en passant par Lisbonne, Toujours PLUS vous propose un tour d’horizon des initiatives qui ont fait grandir notre réseau en 2021.

ARCAD Santé PLUS : réouverture du site fixe de la clinique de santé sexuelle à Kayes (Mali)

Dans la ville minière de Kayes, dans la province du même nom, ARCAD Santé PLUS intervient depuis plusieurs années déjà avec des moyens limités. Des actions indispensables dans cette région aurifère, où travailleuses du sexe, hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes et personnes usagères de drogues sont surreprésentées. Lorsqu’en 2016, le financement du site fixe par USAID a pris fin, il est devenu compliqué pour ces populations-clés  de se faire dépister en toute confidentialité, confiance et sécurité.

Heureusement, cinq ans plus tard, le Fonds Mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a accepté de financer la réouverture du site fixe. Les financements ainsi obtenus ont également permis d’acheter deux bus supplémentaires, en complément de la clinique mobile déjà en place, seule ressource d’ARCAD dans la région depuis 2016. « Les cliniques mobiles cartographient les zones de vulnérabilité » explique Bintou Dembélé, directrice d’ARCAD Santé PLUS au Mali. Elles sont aussi dotées de tout l’équipement nécessaire pour mener des consultations en santé sexuelle et gynécologique. Ainsi, après le dépistage, l’équipe médicale à bord du bus peut dispenser les traitements de base et accompagner les patients-tes vers le site fixe en cas de test réactif au VIH. Les visites des cliniques mobiles sont organisées en amont par les pairs-mobilisateurs proches des communautés locales. « Nous souhaitons créer un environnement favorable pour la santé des communautés », renchérit la directrice. « L’installation du site fixe, tout comme les visites des cliniques mobiles, nécessite un travail de préparation auprès de la société civile et des populations pour lever les barrières au dépistage liées au stigmate. ARCAD Santé PLUS travaille avec des communautés particulières, souvent des populations passerelles. Elles ont le droit d’avoir accès à des services sans se cacher. En matière de santé, toutes les communautés sont liées ! »

GAT : Ouverture de deux nouvelles cliniques dans le Grand Lisbonne (Portugal)

Jusqu’en 2021, la capitale portugaise disposait de quatre centres de santé sexuelle, tous situés au Nord du Tage, le fleuve qui traverse la région métropolitaine lisboète. Les banlieues Sud de la ville, où se concentrent des populations clés, telles que les personnes migrantes, les personnes usagères de drogues et les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes, n’avaient donc pas de centre à proximité. On y trouvait seulement une clinique mobile adaptée pour réaliser le dépistage, mais qui, en cas de test réactif, devait référer les patients-tes aux cliniques du centre-ville.

Depuis cet automne, les villes d’Almada et de Setubal disposent chacune d’un centre de services en santé sexuelle et la région métropolitaine bénéficie d’une deuxième unité mobile. « Depuis deux ans, dans le cadre du programme Fast Track Cities, nous collaborons avec la ville d’Almada pour l’ouverture de son centre » révèle Ricardo Fernandes, directeur de GAT. « Dans le cas de Setubal, nous n’avons pas pu bénéficier du même soutien de la part de la mairie. Cependant, au regard des besoins immenses, nous avons pris la décision politique d’ouvrir tout de même un centre, car malgré les données épidémiologiques,  très peu d’acteurs de santé communautaire interviennent sur place  ».

Unique en son genre au Portugal, le centre de santé sexuelle d’Alvada est le premier à offrir la PrEP de manière décentralisée. Partout ailleurs dans le pays, il faut se présenter à l’hôpital pour se faire prescrire la PrEP, ce qui peut constituer une barrière à l’accès pour plusieurs communautés. Ce nouveau modèle pourrait influencer la manière dont la PrEP est prescrite au niveau national.

AIDES: ouverture d’un nouveau centre à Montpellier, élargissement de l’offre de service à Marseille et Paris

Inauguré en septembre dernier, le nouveau centre de santé sexuelle de AIDES à Montpellier suscite déjà un fort intérêt des populations sur place. Et pour cause : il propose une offre complète de services dispensés par des spécialistes qui comprennent les réalités des personnes exposées aux VIH, hépatites ou IST/ITS. Selon Franck Barbier, responsable des parcours et programmes au sein de AIDES, le choix de sa localisation a été guidé par les données épidémiologiques et par la présence de communautés de chemsexeurs sur place.

Depuis qu’ils ont fait peau neuve pour élargir leur offre tendant à devenir de véritables centres de santé sexuelle communautaire, les SPOT de Marseille Longchamp, Paris Beaumarchais et Nice Marshall proposent eux aussi une approche globale de la santé sexuelle. Les SPOT « sexe et santé » sont des concepts novateurs, lancés par AIDES en 2016, et qui réunissent en un même lieu ce qui se fait de mieux en matière de prévention et d'accompagnement. « Il s’agit d’une extension de nos missions, qui mêlent accompagnement communautaire dans le soin et consultations avec des médecins, spécialistes ou généralistes, et d’autres soignants-tes. » souligne Franck Barbier. « Nous travaillons par exemple avec des infectiologues, des psychologues, des proctologues et des addictologues, entre autres, qui sont capables de répondre à des besoins ciblés, tout en gardant une approche de non-jugement, ce qui est exceptionnel. » Le principe des SPOT répond en effet à certains besoins des personnes HSH, trans et travailleurs-euses du sexe, qui ne sont pas prises en charge par le système public de santé. Par exemple, l’accueil aux SPOT est fait par des intervenants communautaires, qui prêtent une oreille plus attentive et sans préjugés aux personnes, pour mieux les orienter vers des services adaptés ou vers un accompagnement collectif entre pairs-aidants.

« Dépister et proposer une mise sous traitement précoce, ou un accès rapide à la PrEP, c’est compliqué dans le système actuel en France » dénonce Franck Barbier. « Les SPOT de AIDES répondent à un objectif d’efficacité concret en matière de santé sexuelle. »

CohMSM-PrEP : tester la faisabilité du déploiement de la PrEP injectable en Afrique de l’Ouest

Depuis 2015, le programme de recherche CohMSM s’intéresse à l’accompagnement communautaire en santé sexuelle des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH) dans 4 cliniques associatives en Afrique de l’Ouest : celle d’ARCAD Santé PLUS au Mali, celle d’Espace Confiance en Côte d’Ivoire, celle d’AAS au Burkina Faso et celle d’Espoir Vie Togo au Togo.

Après deux premières études, d’abord sur la faisabilité et l’intérêt d’une prise en charge globale préventive trimestrielle, puis sur l’acceptabilité et la faisabilité de la PrEP auprès de cette population, le programme se poursuit en 2022 avec le recrutement d’une nouvelle cohorte de HSH séronégatifs. Dans le cadre de cette recherche communautaire, les 400 participants - 100 par site - auront cette fois accès à la PrEP injectable, qui a démontré, selon l’étude HPTN 083, une efficacité encore meilleure que la PrEP orale.

« Nous souhaitons tester si la PrEP injectable fonctionne en Afrique de l’Ouest » précise Lucas Riegel, chargé du projet CohMSM-PrEP chez Coalition PLUS. « Nous savons que c’est efficace, mais c’est l’acceptabilité sociale que nous voulons documenter : retracer l’évolution des pratiques sexuels, évaluer s’il y a plus, moins ou autant de transmission des autres infections sexuellement transmissibles et démontrer que l’on sait s’en occuper si elles surviennent. »

L’idée même de cette recherche provient de la base. En effet, certains HSH participant à la première  étude CohMSM-PrEP avaient fait part des difficultés qu’ils rencontraient à devoir cacher leurs comprimés de PrEP de leurs proches avec qui ils habitent, par crainte d’avoir à révéler leur orientation et leurs pratiques sexuelles.

Pour plus d’information sur les nouvelles offres de santé sexuelle du réseau Coalition PLUS

Consultez le site web d’ARCAD Santé PLUS pour en savoir plus sur leurs sites et les soins offerts par ceux-ci.

Consultez le site web de GAT pour en savoir plus sur leurs services.

Pour trouver les actions de dépistage de AIDES, consultez leur site web.

Pour en savoir plus sur les développements de CohMSM-PrEP, suivez le compte Twitter du Laboratoire recherche communautaire Coalition PLUS.

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