Genre et VIH : quels défis ? Entrevue avec Florence Giard, directrice générale adjointe de Coalition PLUS

Depuis 2020, Coalition PLUS s’est investi dans une démarche visant à l’intégration du genre dans son organisation et dans ses interventions. Sur mandat du CA, notre union a en effet mis en place un groupe de travail Genre. Cette réflexion s’est concrétisée en 2021, à travers le lancement d’un dispositif interne de lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Florence Giard, directrice générale adjointe de Coalition PLUS, fait le point sur notre positionnement et nos actions à venir.

Pourquoi est-il important de tenir compte du genre dans la lutte contre le VIH ?

Le poids des stéréotypes de genre dans l’épidémie de VIH/sida a été largement documenté et les impacts différenciés de l’épidémie sur les hommes, les femmes et les minorités de genre sont désormais bien connus. Chez les femmes de 15 à 49 ans, le VIH/sida reste la première cause de mortalité dans le monde. En Afrique subsaharienne, 75% des nouvelles infections touchent les jeunes femmes de 15 à 24 ans et un millier de femmes et d’adolescentes sont infectées chaque jour.

A l’intersection des vulnérabilités, les travailleuses du sexe, les femmes trans, les femmes migrantes, les femmes usagères de drogues, font face à une accumulation de facteurs spécifiques qui les expose de manière disproportionnée au VIH. Victimes de violences, mais aussi de stigmatisation et de discrimination, criminalisées pour leurs pratiques, elles peinent à avoir accès aux services de santé et au soutien dont elles auraient pourtant besoin. Chacune de ces vulnérabilités peut renforcer l’autre dans un cercle vicieux dont on ne peut sortir qu’en mettant en place des actions par et pour ces femmes, dans le respect de leurs droits.

Quels sont aujourd’hui les défis liés à l’inclusion du genre dans les programmes de lutte contre le VIH ?

D’une part, l’impact disproportionné du VIH sur les adolescentes et les femmes ne se traduit ni politiquement, ni budgétairement et ne se reflètent que peu dans les programmes, projets et services de santé. La féminisation croissante de l’épidémie, notamment en Afrique subsaharienne, est d’ailleurs révélatrice des carences de la riposte quand il s’agit de répondre aux besoins spécifiques des femmes et des minorités de genre !

Si les Etats essaient de fournir des services de santé sexuelle et reproductive, ces services sont centrés de façon quasiment exclusive sur la santé de la reproduction, négligeant la santé sexuelle, le respect des droits, et la prise en compte de l’individu dans son entièreté, au-delà de sa seule fonction reproductive. Les services offerts sont encore trop souvent dirigés vers les femmes de la population générale, sans véritable considération des spécificités d’un public féminin aux multiples vulnérabilités et marginalités. En termes de prise en charge et d’accès aux produits de santé, cela se traduit par exemple par un moindre accès des femmes à la PrEP.

Les luttes contre les violences sexuelles, les inégalités économiques entre les sexes et la déconstruction des rôles sociaux genrés doivent être pleinement intégrées aux programmes de riposte contre le VIH/sida afin de les rendre plus inclusifs et d’atteindre les objectifs fixés par la communauté internationale pour 2030.

Que fait Coalition PLUS pour répondre à ces défis ?

En 2020, Coalition PLUS s’est donc investie dans une démarche visant à l’intégration du genre dans son organisation et dans ses interventions.

Dans cette démarche, Coalition PLUS a lancé un mécanisme de protection des violences sexistes et sexuelles pour l’ensemble des salariés dans l’optique de fournir un environnement sécurisé. L’ensemble des salariés a été formé à ce dispositif.

En outre, notre union a mis en place un groupe de travail chargé de travailler à une meilleure inclusion du genre autour de 3 axes :

  • La protection des acteurs-rices de Coalition PLUS dans leur ensemble

  • Une réflexion sur le développement d’une politique Genre au sein du réseau, avec l’élaboration d’une charte commune à l’ensemble des membres

  • Un travail de renforcement de l’intégration du genre dans nos projets et programmes

Concernant ce dernier point, le projet PrEP Femmes, lancé en février 2021 et coordonné par l’ALCS, s’inscrit dans cette perspective. En effet, il vise notamment à identifier les besoins spécifiques des travailleuses du sexe, des femmes transgenres et des femmes partenaires d’usagers de drogues en matière d’accès à la PrEP, et plus largement en matière de santé sexuelle.

Au-delà de ce projet, le groupe de travail approfondira ses réflexions sur la politique Genre et l’intégration du Genre dans les projets et programmes à partir du 2ème semestre 2022.

Pour en savoir plus sur les activités du groupe de travail Genre,

contactez Florence Giard, directrice générale adjointe de Coalition PLUS.

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