Dans la lutte mondiale contre la Covid-19, Coalition PLUS est parvenue à obtenir une place stratégique au sein d’ACT-A : Chase Perfect du pôle VHC travaillant sous la direction d’Estelle Tiphonnet fait partie des représentants de la société civile qui ont un droit de regard sur ce nouveau dispositif international chargé de coordonner la réponse mondiale contre la Covid-19.
Lancée le 24 avril 2020 par l’Organisation Mondiale de la Santé, la Commission européenne et la Fondation Gates, ACT-A est présentée comme un «accélérateur d'accès aux technologies luttant contre la COVID-19 ». Ce n’est pas un nouvel organisme international mais une nouvelle forme de coordination des principales institutions de Santé internationales dont le but est d’accélérer le développement, la production et l’accès équitable aux nouveaux outils de diagnostic, de traitements et des vaccins contre la COVID-19. Elle s’organise en quatre piliers : diagnostic, vaccins, traitements et un connecteur sur les systèmes de santé (pilier transversal). Chase siège précisément au sein du groupe de travail dédié à la préparation des pays pour le diagnostic, dont l’objectif est de catalyser l’innovation, de coordonner l’achat des technologies de dépistage existantes et d’en faciliter l’appropriation par les acteurs au terrain.
Place et rôle de la société civile
Avoir des représentants de la société civile au sein d’ACT-A n’a pas été une évidence à son lancement, notamment parce que certaines institutions telles que l’OMS (qui travaille avec les Etats) n’ont pas l’habitude d’avoir en leur sein des acteurs de la société civile. C’est en s’appuyant sur les délégations d’ONG qui siègent au Conseil d’Administration du Fonds mondial ou d’Unitaid que nous avons pu obtenir des sièges. Il a fallu précisément 6 mois pour garantir les processus de sélection dirigés par les OSC, ainsi que la représentation de la société civile et des communautés dans tous les piliers d'ACT-A. Nous avons désormais 35 représentants répartis dans les 19 groupes de travail pour alimenter les discussions d'ACT-A.
Néanmoins, la transparence est loin d’être totale et la capacité d’influencer ACT-A reste limitée pour nos représentants. « ACT-A n’est pas un lieu de décision ni de pilotage mais seulement un lieu de coordination, nuance Chase. Chaque institution chapeautant un pilier pilote une partie de la riposte selon ses propres règles et manières de faire habituelles. Les chaînes de décisions et de mise en œuvre sont donc éclatées. Elles ne sont pas simples à suivre ni à comprendre et par conséquent à influencer. D’autant que tout va très vite ! » En outre, ACT-A n’est pas redevable, c’est-à-dire qu’elle n’a pas de compte à rendre à la société civile ni même aux pays bénéficiaires, ce sont les institutions qui la composent qui le sont.
Il n’empêche que la société civile a déjà fait entendre sa voix le 22 février en adressant une lettre aux dirigeants des principales institutions concernées (disponible en anglais avec ce lien). Elle appelle à plus de transparence et de communication. Elle demande une plus grande inclusion des parties prenantes (gouvernements, société civile communautés, universitaires) des pays du Sud dans les processus de prise de décision et exige une meilleure communication afin que les parties prenantes du Sud soient clairement informées de la façon dont elles peuvent s'engager dans ACT-A et des résultats prévus de manière réaliste.
Capter les nouveaux financements
C’est sur le plan financier qu’ACT-A prouve son efficacité. A la date du 12 mars, 11 milliards de dollars américains étaient levés, avec toutefois une large disparité entre les piliers. « Le pilier Covax qui s’occupe des vaccins bénéficie de large financements. Son problème n’est pas la mobilisation des ressources mais la capacité à se procurer des vaccins, explique Chase. En revanche, pour le pilier diagnostic, les financements restent plus faibles. »
Globalement, d’importantes enveloppes financières seront débloquées dans la deuxième partie de l’année pour aider les pays à revenus faibles et intermédiaires à accélérer la riposte à la Covid-19. Et c’est dans ce contexte que le réseau Coalition PLUS doit se montrer plus que jamais pro-actif. « Il faut qu’on soit prêt, alerte Estelle. Les financements pour la Covid-19 seront distribués notamment par le Fonds mondial selon les mêmes règles qui s’appliquent pour les 3 autres pandémies. Les lignes directrices sont en cours de rédaction ». Autrement dit, cela va se jouer au sein des pays et des CCM.
« Il faut s’attendre également à des révisions des plans nationaux contre la Covid-19, ajoute Serge Yotta Douomong, directeur du Plaidoyer de Coalition PLUS. Il est donc important d’encourager nos associations à se mobiliser dans leur pays pour qu’elles soient en capacité d’influencer les stratégies nationales ! » Notre objectif : « s'assurer que les besoins de nos communautés face à la Covid-19 soient bien pris en compte dans les notes stratégiques des CCM et in fine soient effectivement couverts par les subventions à venir », résume Estelle Tiphonnet.
Mise en place de webinaires
Pour aider non seulement les associations de notre réseau mais aussi l’ensemble des acteurs communautaires francophones à relever les défis d’ACT-A, le secrétariat de Coalition PLUS a décidé d’organiser des séries de webinaires. Un a déjà été organisé début janvier et un second le sera le 30 mars (15h-16h30 heure de Paris / 14h-15h30 heure de Dakar) destiné tout particulièrement aux associations communautaires de l’Afrique francophone.
Pour ce webinaire du 30 mars, intitulé « Enfin de l’optimisme ? Partage d'informations sur les ressources technologiques et financières à venir, pour la riposte à la Covid-19 », les participants auront l’opportunité de discuter avec les représentant.e.s francophones des équipes techniques de l’OMS, du Fonds Mondial, d‘Unitaid et de GAVI. « Nous voulons faciliter l’échange d’informations pour que la société civile soit mieux outillée pour une mobilisation au niveau local et exprimer sa voix auprès des instances internationales », souligne Chase. Au programme, trois enjeux spécifiques :
Les vaccins - Un aperçu de Covax, l'initiative internationale visant à accélérer et faciliter l’accès aux vaccins, avec un accent sur les points suivants : niveau de visibilité sur les quantités de vaccins attendus par pays dans les prochains livraisons, quand et sous quelles conditions? Plus de détails sur Covax ici et la première livraison ici
Le financement - Le Fonds Mondial a annoncé (début mars) une contribution supplémentaire de 3,5 milliards de dollars US par le gouvernement américain ; comment et quand cet argent va-t-il être distribué ? Sous quelles conditions ?
Les outils diagnostiques / thérapeutiques - L’accès aux technologies diagnostiques / thérapeutiques : quelles sont les dynamiques possibles sur l'évolution des prix, les montants disponibles pour l’achat et la qualité de ces technologies?
Un travail pédagogique régulier et de qualité sur ACT-A s’avère indispensable et c’est précisément la mission de Coalition PLUS de l’assurer pour ses membres et pour l’ensemble du mouvement communautaire francophone. “ACT-A est une machine complexe qui évolue constamment, rappelle Estelle. Il faut faire de la pédagogie afin que les associations maîtrisent le contexte et déploient les stratégies les plus pertinentes qui leur permettront de se faire entendre et de faire reconnaître les besoins spécifiques de nos communautés dans le contexte de la Covid-19.”
Assistez au webinar : « Enfin de l’optimisme ? Partage d'informations sur les ressources technologiques et financières à venir, pour la riposte à la Covid-19 »
Date : le 30 mars
Heure : 15h-16h30 heure de Paris / 14h-15h30 heure de Dakar
Intervenants : OMS, Fonds Mondial, GAVI et Unitaid
Personne ressource : Chase Perfect; cperfect@coalitionplus.org
Pour en savoir plus, lisez notre Fiche pédagogique sur ACT-A à télécharger
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