Dans le cadre de la politique Genre de Coalition PLUS visant à garantir à chacun.e un environnement de travail respectueux de son identité et de ses droits, le Secrétariat a mis en place une procédure de lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Le 14 mai dernier, Teresa Cerveau et Richard Stranz ont été élus Points Focaux Genre par les militant.e.s du secrétariat, constituant ainsi la cellule d’écoute et de soutien (CES) chargée d’assurer la prise en charge et l’écoute des victimes de violences sexistes et sexuelles (VSS). Discussion avec Teresa basée à Dakar et Richard rattaché à Pantin.
Pourquoi vous-êtes vous présentés-es à l’élection des points focaux genre ?
T: Je suis à Coalition PLUS que depuis novembre 2020, mais dans les différents postes que j’ai pu occuper,le genre a toujours été intégré de manière programmatique dans mon travail. J’ai aussi personnellement été confrontée au sexisme dans le cadre du travail, comme beaucoup de personnes (par exemple, en Europe, selon une enquête, 6 femmes sur 10 ont été un jour confrontées au cours de leur carrière professionnelle, à des violences sexistes et sexuelles). Ces expériences m’ont donné envie de pouvoir agir plus activement sur ce sujet. Pour moi, c’est un élément essentiel de la santé mentale au travail que d’avoir une politique active contre les violences genrées.
R: Pour ma part, parce que je m'intéresse beaucoup à la question du bien-être au travail, que j'ai suivi plusieurs formations sur les VSS et que certainement il faudrait adapter les formations , je trouvais que ça tombait sous le sens de me présenter. En plus, quand j’étais salarié à AIDES, en tant que membre du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSET), j’ai eu l’occasion de mener des enquêtes sur le harcèlement moral en interne. J’ai également travaillé sur la mise en place de protocoles et de politiques avec Charlotte Dressel dans le groupe de travail Genre.
Les points focaux genre bénéficient d’une formation annuelle sur les violences basées sur le genre auprès d’organismes dédiés. Avez-vous déjà des expériences ou des connaissances sur les violences sexuelles ou sexistes?
T: J’ai été point focal SGBV (Sexual and Gender-Based Violence - Violences Sexistes et Sexuelles en anglais) au Libéria, auprès des bénéficiaires du programme pour lequel je travaillais. Il s’agissait d’un dispositif mis en place par les ONGs et les Nations unies pour identifier les violences basées sur le genre ou sexuelles dans les communautés où l’on travaillait et les reporter. Mais c’est vrai que là, c’est différent, on est dans un tout autre contexte. On est en train de suivre une formation, on a eu notre première journée et ça éclaircit pas mal de choses. On entre dans le concret et le rôle qu’on a à tenir.
R: Pour moi, on vit dans une société où le sexisme et les violences qu’aujourd’hui on qualifie de harcèlements sont tellement imprégnés qu’il est difficile d’identifier une seule expérience ou connaissance. C’est tous les jours que les gens (en particulier les femmes) sont brimées et se sentent en incapacité de dénoncer les agissements, voire pire. En revenant sur les fondamentaux de mon savoir-faire militant, il faut libérer la parole avec des espaces d'écoute. Il faut savoir mettre de l’importance et des mots sur un type de problématique.. Au final, on veut agir si des événements négatifs surviennent et contribuer à un cadre soutenant et protecteur pour les salariés.
Quel est votre rôle dans la procédure de gestion des cas de violences sexistes et sexuelles?
R: Le premier rôle qu’on a, c’est d'accueillir la personne et de clarifier ce qui se passe ou ce qui s’est passé. Pas forcément pour définir ce que c’est ou pour apporter une solution, mais pour clarifier et comprendre ce que la personne a envie d’en faire, puis voir avec elle et avec les autres organes de la procédure ce qu’on peut entamer.
T: Nous avons d’abord à écouter, à assurer la réception de témoignages. C’est le plus important. Ensuite, la personne décide des prochaines étapes pour répondre à ses besoins. On a bien sûr une obligation de confidentialité et c’est un principe fondamental. Si on constate qu’une personne est en danger, l’employeur a aussi l’obligation de ne pas la laisser dans cette situation.
R: La mission de l’employeur est de protéger. On ne peut jamais agir pour ou à la place de la personne mais on peut rester en lien et la soutenir. On a une obligation de signalement (par exemple dans certaines situations de harcèlement) mais ça n’a pas non plus à être immédiat.
T: D’où l'importance d’accompagner la personne et de l’informer des choix et des options qu’elle a à sa disposition.
Au niveau individuel, que peut faire un salarié pour aider à lutter contre les violences sexistes et sexuelles dans notre réseau ?
R: Au sein d’une équipe de travail, une telle politique requiert un effort de questionnement au niveau individuel. Changer notre culture sur ce qui est collectivement perçu comme un geste ou une parole sexiste prend un certain temps. Il faut sans cesse se questionner pour améliorer nos pratiques. Globalement, c’est s’assurer que le terreau qui nourrit les violences sexuelles et sexistes ne soit pas entretenu.
T: Les militant-es peuvent aussi s’inscrire aux sessions de sensibilisation à l’écoute active ! C'est important de sensibiliser l’ensemble des équipes sur les violences sexistes et sexuelles et de mettre des mots dessus. Il faut encourager une certaine vigilance par rapport à certains types de comportement.
R: Si on croit que quelqu’un a tenu une parole qui peut s’apparenter à de la violence sexiste et sexuelle, c’est aussi de s'efforcer de dire que ce n’est pas normal dans le cadre du travail. On a à travailler ensemble pour créer un environnement qui libère la parole. Il faut surtout du respect les uns envers les autres. Parler de violences sexistes et sexuelles ne doit plus être un tabou.
T: Si nous nous efforçons tous et toutes à exprimer notre désaccord, lorsque nous voyons un acte ou une attitude sexiste, ça évite de créer un terreau fertile pour des actes encore plus violents. C’est la responsabilité de chacun de créer un environnement de travail sain.
R: On peut aussi garder en tête quand on organise des réunions ou des rencontres que les tâches type préparer une réunion ou ranger et nettoyer après une rencontre, ne sont pas relayées aux femmes mais partagées entre nous quelque soit notre genre. Que les femmes et les personnes queers ne soient pas interrompues de manières disqualifiantes dans un cadre de travail. Cela requiert une certaine introspection à mener individuellement et collectivement.
Contacter Teresa et Richard à l’adresse pointsfocauxgenre@outlook.fr
Consultez ici la procédure de gestion des cas de violences sexistes et sexuelles.
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