PrEP Femmes: en route vers la phase plaidoyer du projet

Mis en place au Maroc, au Mali et à Maurice, le projet PrEP Femmes financé par Initiative Expertise France a pour objectif d'identifier les barrières d’accès à la PrEP pour les femmes particulièrement exposées au VIH, afin d’agir pour lever ces barrières. Pour atteindre ces objectifs, la stratégie du projet repose sur l’alliance entre la recherche, le plaidoyer et l’intervention. Le premier volet du projet, celui de la recherche, a été mené avec succès au cours de l’année 2021. Un rapport global du volet quantitatif et des rapports de l’étude qualitative seront disponibles sous peu. Ces données qualitatives et quantitatives alimenteront le plan de plaidoyer qui sera mis en œuvre tout au long de l’année 2022.

Renforcement de capacités entre associations du Sud

Le projet PrEP Femmes est la première expérience de l’ALCS comme porteur de projet financé directement par l’Initiative. L’association marocaine a bénéficié de l’appui d’ARCAD Santé PLUS au Mali et de PILS à Maurice pour négocier directement avec les bailleurs, en termes programmatiques et financiers. « En travaillant ensemble, les trois associations ont renforcé leurs enquêteurs-es et leurs assistants-es de recherche, révèle la Dr. Amal Ben Moussa, responsable de la recherche à l’ALCS. Leurs plaideurs-euses s’appuient mutuellement également, puisqu’ils et elles collaborent tous-tes ensemble pour élaborer les plans d’action de chaque pays. »

Outre le renforcement de capacité entre les trois pays, le Secrétariat de Coalition PLUS apporte également son appui. Ainsi, la Direction Recherche Communautaire a formé les parties prenantes au projet à la conduite d’enquêtes qualitatives. De son côté, le pôle Sentiment d'Appartenance et Formation a participé à l’élaboration des modules de formation avec les formateurs et les personnes resource des trois assos sur la dispensation communautaire de la PrEP.

Un succès malgré les aléas de 2021

En très peu de temps, le projet PrEP Femmes a recruté 1003 femmes pour sa phase de recherche. Au Maroc et au Mali, l’enquête impliquait les travailleuses du sexe ;  à Maurice, ce sont plutôt les femmes transgenres et les conjointes de personnes usagères de drogues injectables qui étaient ciblée par cette recherche. « Nous avons recruté des personnes issues des communautés, explique la Dr. Ben Moussa. Chaque femme avait la responsabilité d’en recruter trois autres et ainsi de suite, jusqu’à ce que les objectifs de recrutement soient atteints. » Parmi les 3 pays du projet, seule l’île Maurice n’a pas pu atteindre les objectifs de recrutement, en partie à cause du confinement de 2021, mais aussi, fort probablement, en raison d’une surestimation du nombre de femmes trans dans le pays. « Afin de pallier le nombre de participantes insuffisant, nous avons donc mis l’accent sur la partie qualitative de l’enquête, plutôt que sur la partie quantitative », expose la responsable de la recherche de l’ALCS.

Les différents confinements de l’année 2021 n’ont pas seulement perturbé le recrutement à Maurice, mais aussi d’autres aspects de l’enquête, dont le déroulement a dû être revu au fur et à mesure. Par exemple, pendant la période de confinement au Maroc, l’équipe de l’ALCS a choisi d’avancer sur la rédaction de son protocole de recherche, tout en déplaçant ses entretiens semi-directifs en ligne. Comme le suivi de la préparation et le lancement de l’enquête ont dû se faire sans déplacements internationaux, le premier comité de pilotage du projet en présentiel à la fin de la première année du projet, en 2021 à Marrakech, a connu un énorme succès, tous-tes étant très enjouées de se retrouver en personne.

Des résultats en bref

Parmi les participantes à l’étude, les femmes transgenres à Maurice sont les plus informées sur la PrEP. Au Maroc et au Mali, ce sont moins de 15 % des travailleuses du sexe interrogées qui connaissent la PrEP. Cependant le recours à la PrEP parmi celles qui la connaissent au Maroc est de 63 %. Au Mali, aucune des participantes n’a eu recours à la PrEP.

La majorité des travailleuses du sexe ayant participé à l’étude affirment avoir l’intention d’utiliser la PrEP si cette dernière était accessible. Selon les femmes interrogées, la barrière la plus importante les empêchant, elles et leurs paires, d’utiliser cet outil de prévention est la non-connaissance de celui-ci. Parmi les autres barrières, celles d’ordre organisationnel ont été mises en avant par les femmes au Mali et à Maurice, notamment l’accessibilité des sites de dispensation. Les barrières structurelles évoquées par les participantes à l’étude concernent les lois pénalisant la transmission du VIH, le travail du sexe, l’usage de drogue et l’homosexualité, souvent utilisées pour réprimer les femmes transgenres, dans leurs pays respectifs.

La majorité des femmes interrogées pensent que les locaux des ONG sont les endroits les plus appropriés pour la dispensation de la PrEP. Elles soulignent l’importance d’assurer des services médicaux relatifs à la santé sexuelle dans ces lieux, comme les consultations de diagnostic et prise en charge des infections sexuellement transmissibles (IST), la vaccination contre l’hépatite B et la distribution de préservatifs et de moyens contraceptifs.

Les plaideurs-euses inclus-es dès les débuts du projet

Alors que la deuxième année du projet, axée sur le plaidoyer, vient tout juste de commencer, la Dr. Ben Moussa rappelle que les plaideurs-euses ont été impliqués-es dès la phase recherche. Ils et elles font désormais équipe pour élaborer des plans d’actions sur mesure dans chaque pays sur la base des résultats du volet recherche. Au Maroc, le projet compte sur une communication ciblée pour sensibiliser les parties prenantes, comme les pourvoyeurs de services de santé, les organisations communautaires, les responsables politiques et les décideurs. Les plaideurs-euses marocains-nes comptent également former des journalistes sur les enjeux liés à l’accès à la PrEP pour les femmes, et utiliser des moyens artistiques pour sensibiliser les travailleuses du sexe.

Au Mali, la sensibilisation des parties prenantes passera par une série d’ateliers. Les plaideurs-euses maliens-nes misent sur la télévision comme outil d’information des femmes concernées. À Maurice, les plaideurs-euses vont redoubler d’efforts pour défendre l’accompagnement communautaire en matière de PrEP et la mise en place d’une clinique de santé sexuelle gérée par PILS.

Pour en apprendre plus sur le Projet PrEP Femmes

Suivez les résultats du Projet PrEP Femmes à l’AFRAVIH 2022 à Marseille, où quatre abstracts ont été acceptés.

Pour des informations supplémentaires, contactez Daniela Rojas Castro, directrice de la recherche communautaire à Coalition PLUS, à drojascastro@coalitionplus.org ou Amal Ben Moussa, responsable de la recherche à l’ALCS, à a.benmoussa@alcs.ma.

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