Aide d’urgence aux personnes LGBTQ en Afghanistan : pour en finir avec le sida, Coalition PLUS renforce son plaidoyer pour les droits humains

En septembre 2021, suite au coup d’État des talibans à Kaboul, Coalition PLUS a lancé un programme d'aide d'urgence aux personnes LGBTQ vulnérables en Afghanistan. Ce programme, qui s’inscrit dans la continuité du travail effectué sur les enjeux de droits humains depuis la création de notre réseau, marque également la volonté de Coalition PLUS de structurer et pérenniser un fonds d’urgence dédié aux situations d’urgence. Maria Donatelli, responsable du pôle relations internationales et droits humains de Coalition PLUS, nous parle de ce programme et de son avenir.

Quatre mois après son lancement, où en est la campagne d’aide aux personnes LGBTQ en Afghanistan?

Cette campagne constitue une opportunité d’apprentissage pour Coalition PLUS, car l’Afghanistan fait face à une situation incroyablement complexe. Le pays n’a plus d’ambassades sur place et énormément de réfugiés-es. Dans ce contexte, notre objectif est de répondre aux besoins des populations clés en danger, mais aussi de mettre en sécurité les militant-es qui travaillaient avec ces populations et qui sont désormais persécuté-es par le gouvernement des talibans.

A ces fins, nous avons mobilisé nos contacts au sein des réseaux internationaux d’aide aux personnes LGBTQ et de la diaspora afghane, et ainsi construit de nouvelles alliances.  Pour garantir la sécurité des personnes, nous avons dû monter en compétences sur les enjeux de cyber-sécurité, afin de pouvoir rester en lien avec elles sans risquer de révéler leur identité ou leurs opinions au gouvernement. Nous avons aussi lancé un appel à dons qui nous a permis de recueillir quelques fonds, que nous cherchons à utiliser le plus efficacement possible.

Comme les militant-es et les populations clés sont contraints-tes de se cacher et ne peuvent plus travailler, après avoir consulté nos contacts sur place et parmi la diaspora, nous avons jugé que la meilleure chose à faire était d’aider les gens à sortir du pays en mettant à profit les voies légales et les moyens logistiques à notre disposition. Cependant, le plaidoyer auprès des gouvernements qui accueillent des réfugiés, comme la Belgique, le Canada, la France, l’Irlande et le Royaume-Uni est un travail de longue haleine. Une première étape serait de mettre les personnes en sécurité dans les pays frontaliers, mais ce n’est pas une solution viable à long terme. Les choses avancent très lentement sur ce genre de dossier, ceci dit nous avons déjà pu obtenir le statut de réfugié pour quatre personnes au Royaume-Uni, et deux autres arrivent en Irlande cette semaine.

De telles actions d'urgence sont-elles amenées à se développer au sein de Coalition PLUS et au-delà du réseau ?

Sous réserve de disposer des financements adéquats, nous souhaitons mettre en place une cellule d’urgence au sein de Coalition PLUS. Concernant les actions d’urgence en Afghanistan en particulier, il y a énormément de compétition pour collecter des fonds et il est compliqué de révéler nos véritables intentions sans mettre les populations locales en danger.

Cependant, les leçons tirées de cette expérience seront très utiles pour l’avenir. Nous savons désormais que l’incertitude et les imprévus peuvent énormément ralentir nos procédures. Il est également nécessaire d’avoir une connaissance très précise des procédures de demandes de visas dans les différents pays ciblés. Nous voulons mener des actions fortes, mais les gouvernements ont peur d’accueillir des réfugiés ou de donner de l’argent à des initiatives mal informées. Plusieurs organismes finissent par financer indirectement le régime talibans pour aider les populations locales, il faut donc gagner la confiance des décideurs et montrer que nous savons ce que nous faisons.

Même s’il est prouvé que partout dans le pays, les femmes, les enfants et les personnes LGBT vivent des violences extrêmes, il est difficile d’obtenir des fonds et des résultats concrets.

Pourquoi Coalition PLUS inclut dans ses objectifs de soutenir les personnes LGBTQ afghanes, sachant que l’Afghanistan ne fait pas partie de notre union ?

C’est important parce que ce sont nos communautés vulnérables au VIH qui sont aujourd’hui attaquées en Afghanistan, c’est-à-dire les personnes LGBTQ. Si elles craignent pour leur vie, la prévention et le dépistage ne sont même plus une option pour elles: leur sécurité immédiate prend le pas sur leur santé future. Coalition PLUS dispose d’un large réseau : nous voulons utiliser la force de nos connexions pour protéger les populations avec lesquelles nous travaillons.

Comment Coalition PLUS se positionne aujourd'hui sur la question des droits humains ? Pourquoi ces enjeux sont-ils importants pour notre union ?

Depuis sa création, Coalition PLUS utilise des arguments qui relèvent des droits humains. Nous disposons de ressources humaines chargées des droits humains. Nous avons aussi tout un réseau, le réseau AGCS PLUS, dédié à la défense des droits humains des minorités sexuelles en Afrique francophone. Actuellement, cette thématique des droits humains se renforce au sein de la direction plaidoyer.

Dans un contexte mondial d’accès au pouvoir de mouvements de droite populistes discriminatoires, dans notre union et à l’extérieur de notre union, il faut lutter contre ceux-ci en revendiquant l’accès à la santé des populations clés comme un droit humain. Notre rôle est aussi de mettre en garde contre la recrudescence de la discrimination envers nos communautés, car elle est un obstacle à l’élimination du sida.

Propos recueillis par Charlie Morin

Pour en apprendre plus…

…sur la question des droits humains à Coalition PLUS et sur la campagne Afghanistan, contactez Maria Donatelli à mdonatelli@coalitionplus.org

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