ARCAD Santé PLUS au Mali était récipiendaire secondaire du Fonds mondial (FM) depuis 2006 avant de passer à Récipiendaire principal cette année. Il s’agit d’une révolution sur le plan financier pour l’organisme national malien, désormais chargé de distribuer les enveloppes budgétaires dans son contexte national avec son budget de fonctionnement assuré.
« C’est un avancement important et il faut s’y mettre ! »
La directrice d’ARCAD Santé PLUS, Bintou Dembélé, encourage les organismes nationaux qui convoitent le statut de Récipiendaire principal à se lancer sans plus attendre. « Le processus s’étale sur plusieurs années et le Fonds mondial est très exigeant. Il ne faut pas perdre de temps, soutient-elle. Devenir Récipiendaire principal du Fonds mondial, c’est un avancement important et il faut s’y mettre ! »
La directrice reconnaît que le chemin est long pour y arriver mais que le jeu en vaut la chandelle. La clé pour obtenir le statut de Récipiendaire principal, selon elle, fut le renforcement de capacité en matière de gestion financière fourni par Coalition PLUS. « Le renforcement financier a été l’élément déterminant pour l’obtention du statut », explique Bintou Dembélé.
« Il fut un temps pas si lointain où les bailleurs de fonds avaient des exigences trop élevées et impossibles à mettre en place », renchérit Léa Coulohares, responsable du service pilotage budgétaire et optimisation à Coalition PLUS. Après avoir mené un travail de longue haleine pour faire parler les financiers-ères des associations du Sud pour qu’ils et elles fassent eux-mêmes et elles-mêmes du plaidoyer sur leurs réalités rencontrées sur le terrain, les exigences des bailleurs sont toujours élevées. Ceux-ci ont tout de même assoupli leur grille d’analyse autrefois trop occidentale.
Bintou Dembélé ajoute que pour faire le poids face aux ONG du Nord, qui ont plus d’argent et qui offrent des salaires élevés, il faut prendre le temps de former des équipes qui restent sur le long terme. ARCAD Santé PLUS a par la suite investi massivement dans des ressources humaines de qualité.
« Ce sont les personnes vivant avec le VIH qui ont demandé à ce que les choses changent »
Le changement structurel visé par ARCAD Santé PLUS s’inscrit dans sa mission de soutenir les communautés auprès de qui l’organisme travaille depuis des décennies. « Nous connaissons le pays et ses populations clés, assure Bintou Dembélé, alors que les ONG internationales sont éloignées de leurs cibles et coûtent beaucoup trop cher. Ces grandes ONG internationales, principalement du Nord, sont souvent déconnectées des réalités du pays et sont de fait de pures unités de gestion. Elles sont là pour continuer à exister, nous existons pour renforcer les organismes communautaires locaux. »
« Ce sont les personnes vivant avec le VIH qui ont demandé à ce que les choses changent » précise la directrice. Elle rappelle que la proximité de son organisation avec la société civile et ses relations de travail de longue date avec les organismes locaux sont une force considérable pour assurer des services de qualité dans un ancrage culturel pertinent.
Les chantiers en cours
Depuis l’obtention du statut de Récipiendaire principal (RP), ARCAD a pu ouvrir son mandat à des maladies autres que le VIH, telle la tuberculose. Devenu ARCAD Santé PLUS, l’organisme travaille désormais avec d’autres populations vulnérables et leur offre un éventail d’intervention élargi. La programmation a été renforcée auprès des usagers-ères de drogues injectables : les services, autrefois accessibles uniquement dans la capitale, sont disponibles dans cinq régions du pays. ARCAD compte désormais cinq centres de santé sexuelle à l’échelle nationale, dont quatre opérationnels à l’heure actuelle.
L’organigramme s’est également transformé en incluant désormais cinq sous-directions, contre une seule auparavant. Les ressources humaines ont doublé, passant de 25 à 50 salariés-es au niveau de la direction seulement. « Quand tu deviens RP, ça amène beaucoup de changement dans une équipe, contextualise Léa Coulohares. Le FM étant particulièrement strict par rapport aux justificatifs de paiements, les organismes doivent embaucher de nouveaux-elles salariés-es pour assurer une saine gestion de ce grand pas financier. »
Marcher dans les pas de KIMIRINA et de PILS
ARCAD Santé PLUS rejoint Kimirina en Equateur et PILS, à Maurice, qui furent les premières associations de notre réseau à devenir Récipiendaire principal du Fonds mondial. Aux associations qui souhaitent être les prochaines, Bintou Dembélé conseille de se préparer au moins une année ou deux en amont avant de postuler.
Elle recommande également la création de solides partenariats avec des acteurs importants qui sauront plaider auprès du Fonds mondial, en plus du renforcement technique et financier nécessaire avant de candidater. « C’est possible et il faut s’y mettre, conclut la directrice. Un système communautaire fort demande l’implication des organismes nationaux dans son financement, c’est important ! »
Consultez Devenir récipiendaire principal du Fonds mondial, le guide de bonnes pratiques à l’attention des organisations communautaires et de la société civile coordonné par Léa Coulohares.
Contactez Léa à lcoulohares@coalitionplus.org pour toutes questions
We use cookies to improve your experience and to help us understand how you use our site. Please refer to our cookie notice and privacy policy for more information regarding cookies and other third-party tracking that may be enabled.