Des conseiller-ères réseaux pour une coalition plus forte

C’est une nouveauté à Coalition PLUS : une équipe de conseiller-ères réseaux chargés d’outiller notre réseau, de soutenir les associations membres et de renforcer le sentiment d’appartenance.  Depuis fin 2020, elle est constituée d’Hélène Légaré du Québec, d’Aliou Sylla du Mali et de Nicolas Ritter de Maurice. Trois militants-es qui ont contribué à l’essor de la riposte communautaire contre le sida à partir des années 90.

Parcours militants

Hélène Legaré a été la première nommée conseillère réseaux il y a deux ans, Aliou et Nicolas l’ont été  fin 2020. Ces trois personnalités sont non seulement des piliers de notre réseau international mais aussi des militants de la première heure de la lutte contre le sida.

Hélène Légaré s'investit dans la lutte au VIH à partir de 1988 alors qu’elle est responsable des auxiliaires familiales au Centre local de services communautaires du Centre-Sud de Montréal. Elle fait de l’aide aux mourants du sida une priorité. Sa mission : garantir un accompagnement vers la mort, humain et digne, pour celles et ceux qui en ont besoin.  Elle est tellement investie dans son travail que son directeur lui propose de reprendre  son poste au moment où il quitte la structure. Pendant 26 ans, Hélène assure  cette nouvelle fonction. À son départ, l’organisme compte trois maisons d’hébergement dont le Centre sida secours, une des rares ressources d’hébergement à Montréal où les usagers-ères ne sont pas tenus-es de s’abstenir de consommer. Elle a été présidente de la COCQ-SIDA et trésorière de Coalition PLUS.

Au Mali, le Dr Aliou Sylla se consacre aux malades du sida et s’assurent qu’ils et elles puissent mourir dans la dignité après avoir été témoin de la discrimination dont ils et elles étaient victimes dans les hôpitaux maliens des années 90. Il se dédie pleinement à la cause : visites à domicile, dépistages des partenaires et des familles, distribution  de vêtements et de matériel scolaire aux enfants dont les parents sont malades. Le Dr. Sylla refusait la philosophie de l’époque voulant qu’on ne puisse faire que de la prévention puisqu’on considérait un diagnostic positif comme une condamnation à mort. Il voulait faire de la prise en charge ! À force de détermination, il y est parvenu des années plus tard : bénéficiant d’une forte reconnaissance parmi les personnes vivant avec le VIH, il fonde ARCAD-Sida-Mali,  devenue depuis 2019 ARCAD Santé PLUS. Membre fondateur de Coalition PLUS, ARCAD a accompagné l’État malien pour rendre les traitements contre le VIH accessibles au plus grand nombre. De Président d’ARCAD, Aliou devient directeur du CESAC, le premier Centre de prise en charge médicale et psychosociale des PVVIH pendant 10 ans et coordinateur du Programme national de lutte contre le sida du Ministère de la Santé du Mali pendant 10 ans également. Il est membre fondateur de Coalition PLUS  et assure au sein du Conseil d'administration les fonctions de trésorier (2008-2012) et de vice-président (2012-2015). Puis au sein du Secrétariat, il devient Directeur de Coalition PLUS Afrique et Directeur des Réseaux Coalition PLUS (2017) basé au Sénégal.

Nicolas Ritter apprend sa séropositivité en 1994 alors qu’il est agent de bord. Il se sent privilégié d’être aussi bien entouré et surtout d’avoir la double nationalité franco-mauricienne qui lui permet d’accéder à des traitements sur l’île de la Réunion, territoire français d’outremer. Il prend contact avec les groupes militants déjà structurés à la Réunion et s’indigne que les traitements soient alors toujours inaccessibles à Maurice.  Persuadé de mourir dans les 5 ans suivant son diagnostic, il participe à la fondation de PILS en 1996 et en devient directeur après avoir occupé différents postes. Il contribue à faire adhérer l’association mauricienne à notre réseau international et parvient à obtenir le statut de  récipiendaire principal du Fonds mondial.  Au sein de Coalition PLUS, il siège au conseil d'administration et en est le vice-président de 2016 à 2020. C’est en septembre 2020 qu’il quitte son poste de directeur de PILS et le CA de Coalition PLUS pour devenir conseiller réseaux au secrétariat de Coalition PLUS. Bien sûr, Nicolas reste proche de son association de cœur.

Pour ces trois militants, devenir conseiller-ères réseaux est une nouvelle étape dans leur parcours.  « Après être passé par tant de postes au sein du réseau, il va de soi que la meilleure manière de se rendre utile est de se mettre à disposition pour renforcer la gestion du réseau », confie Aliou Sylla. « C’est une chance extraordinaire et inouïe d’être une actrice active de la lutte contre le sida dans le monde », se réjouit Hélène Legaré.

« Notre travail, c’est de tendre la main »

Dans un monde sans COVID, les conseiller-ères réseaux visiteraient les 16 associations de la Coalition au moins une fois par an.

Les conseillers appellent leurs missions auprès des organismes membres des « visites d’étonnement ». Le but est de créer du lien et de renforcer le sentiment d'appartenance, mais également de fournir aux associations un regard extérieur et bienveillant sur elles-mêmes. Après leur visite, ils fournissent des rapports de missions exhaustifs aux membres. « À travers la discussion, on arrive toujours à identifier des outils, explique le Dr. Sylla. Plus de proximité peut résoudre beaucoup de problèmes. Notre travail comporte souvent des éléments indescriptibles. »

« La liberté que nous avons, c’est d’avoir un travail précis à faire, mais beaucoup de latitude pour le faire, ajoute Hélène Légaré. Notre travail, c’est de tendre la main. » « On nous amène des situations particulières qui nécessitent une écoute particulière, renchérit Nicolas Ritter. Ce qui nous est demandé, c’est d’être à l’écoute, d’être observateur et de documenter. »

Pour les conseiller-ères réseaux, le défi le plus important de 2021 est de « maintenir le même sentiment d’appartenance au réseau sans les moments de spontanéité, alors qu’on commence notre travail de conseiller-ères en tant qu’équipe », explique Hélène Légaré. « Ce qui nous tient ensemble comme réseau, renchérit Nicolas Ritter, ce n’est pas seulement la solidarité et la mutualisation des outils et des luttes mais aussi l’amitié, puisque l'on vit des moments de partage incroyable en mission tous ensemble.» « Nous promouvons la “calinothérapie”, complète le Dr. Sylla. Cela résume l’esprit d’accueil dans lequel nous nous positionnons pour offrir un soutien complet et sur mesure aux organisations membres. »

Les chantiers de 2021

Pour cette année, l’équipe de conseiller-ères réseaux a pour principale mission d’accompagner le groupe de travail consacré au projet associatif. Constitué d’administrateurs-rices et de salariés-es de Coalition PLUS ainsi que de personnes extérieures, ce groupe de travail est chargé de définir et de formaliser les raisons d’être notre réseau, de renforcer sa plus-value et de s’entendre sur une vision d’avenir de Coalition PLUS. Il aura donc besoin d’une coordination générale, d'un soutien méthodologique et de remontée d’informations de l’ensemble des parties prenantes de Coalition PLUS. « Cela demandera que l’on déploie nos réseaux, que l’on utilise nos antennes et que l’on co-pilote », précise Nicolas Ritter.

Au-delà de cette mission commune, chaque conseiller gère des dossiers plus spécifiques. Aliou Sylla travaille surtout sur les chantiers africains de représentation auprès de l’OMS et de l’ONUSIDA. « L’Afrique de l’Ouest a malheureusement longtemps été en retard par rapport à l’Afrique anglophone en matière de lutte au VIH, mais nous veillons à ce que ce retard soit rattrapé », assure Aliou Sylla.  Nicolas Ritter, quant à lui, apporte son soutien à la restructuration de la Direction Plaidoyer de Coalition PLUS. « Nous sommes des experts dans une forme de polyvalence où on transmet notre savoir aux autres », ajoute Aliou Sylla à propos du travail de son collègue Nicolas. Hélène se concentre plus sur l’animation des réseaux et sur la structuration des missions d’étonnement. Depuis la crise sanitaire, elle a travaillé à la création et à la gestion du fonds d’urgence Orlando, nommé en l’honneur d’Orlando Montoya, militant de longue date basé en Equateur décédé en début d’année. Le fonds a essentiellement pour but de venir en aide aux situations d’urgence liées aux violations des droits humains.

« Quand tu n’es pas généreux, tu ne peux pas t’embarquer dans la lutte contre le sida », conclut Aliou Sylla

Propos recueillis par Charlie Morin

Les conseillers-ères réseaux restent disponibles pour le réseau

Vous pouvez les contacter tous les trois à conseillersreseaux@coalitionplus.org

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